La guerre de l'internet n'aura pas lieu (c'était pas loin pourtant)

Qui dit nouvel appart dit recherche de fournisseur internet. Comme chacun sait (oui, moi aussi j'ai décidé de parler comme les politiciens), cela ne fait aucun doute, il est de notoriété publique que le meilleur des fournisseurs internet est souvent le moins pire. Surtout ici en Espagne, où l'offre la moins chère cotoie les niveaux atteints par les offres les plus onéreuses en France. Et sans le téléphone à l'international ni la télé ni rien du tout en fait. Après investigation, le choix s'est porté sur Vodafone, vu que dans l'appart, Inma et moi ayons toutes les deux un contrat portable de cette marque.
Hop hop, il y a de cela quelques semaines, je suis donc allée à la boutique Vodafone la plus proche de m'baraque. J'ai profité des 2 jours auxquels j'avais droit pour déménagement pour aller me renseigner. La boutique la plus proche ne veut pas dire proche, évidemment.
Entre deux trajets avec la pauvre Clio entre l'ancien appart et le nouvel, je me suis rendue à cette boutique à une petite demi heure à pied.
Premier passage, je me rends compte que je n'ai ni passeport ni RIB ni rien du tout en fait. Je retourne chez moi, prends ces documents et repars direction le magasin. On commence à faire les papiers, et là la vendeuse me dit "ah ouais mais non en fait je peux pas faire le contrat avec ton passeport, il me faut ton NIE (numéro d'identification étranger, une feuille A4 toute pourrie qui justifie ma présence en Espagne). Je repars donc chez moi, et attends l'après midi pour pouvoir y retourner avec ce coup-ci tous les papiers.
Troisième passage à la boutique, ciel lourd et noir, chargé de promesses de tempête estivale. Ça rate pas. Après 45 minutes de poireautage, je tends fièrement ma loque de NIE à la vendeuse quand il commence à tomber le déluge dehors. Des trombes d'eau. Juste un petit incident météorologique, me direz-vous, qu'est-ce qu'on en a à faire ? Rien, sauf que ça a fait tomber tout le système informatique du magasin. Pas possible de me faire mon contrat ni de me donner le modem. La vendeuse ne se dégonfle pas, me dit "bah, t'inquiète pas, je te le prépare et je t'appelle quand c'est fait!". Tout ça le jeudi. Le lendemain, pas de nouvelle. Le samedi non plus.
Je refile à la boutique (30 min aller, 20 min retour). Fermée le samedi...
Lundi, toujours pas de nouvelles. J'y repasse après le boulot, et là la babache de vendeuse (oui, elle a changé de statut) me sort "hehe, hin, j'avais pas ton numéro, je pouvais pas t'appeler, hehe, et en plus j't'avais même pas demandé ton adresse pour faire le contrat, hehe, hin".
...
Restons calme, ce n'est pas grave.
"Hehe, le système informatique marche toujours pas, hehe, hin, tu vois quoi, et en plus j'ai pu d'modem, hehe, tu vois, donc, hehe, donne moi ton numéro et tout et tout et je t'appelle quand je peux le faire, hehe, hin".
Une petite déconnexion d'internet ne fait de mal à personne, j'y survivrais! Elle me dit qu'au maximum elle en a pour 2 jours, mais sûrement le lendemain je pourrais passer récupérer le modem.
Pas de nouvelle le lendemain, j'y passe quand même dans l'espoir qu'elle s'eut sorti les doigts du *** et fait son boulot. Ahah quelle bonne blague.
"Ouais, mais nan tu vois, le système informatique marche pas, tu vois, et puis bon, comme on n'est pas une vraie boutique Vodafone, je peux pas faire grand chose pour toi, parce qu'on est plus lent que les vraies boutiques Vodafone, hehe, tu vois."
J'ai beau regardé autour de moi, je ne vois que des logos Vodafone, des pubs Vodafone et des téléphones avec "VODAFONE" écrit dessus. Il semblerait, selon l'explication entrecoupée de "hehe" et de "tu vois quoi" de la boubourse de vendeuse, qu'il s'agit d'un magasin Top Digital, sorte de sous franchise de Vodafone. Elle a au moins la franchise de me dire "Nan mais moi à ta place j'essairais d'aller à un vrai magasin Vodafone, parce qu'ils te feront tout beaucoup plus vite, tu vois". C'est pas comme si elle avait pu me le dire avant...
Je récupère mes papiers et rentre chez moi, renfrognée. Oui, renfrognée.
Le lendemain, je décide au boulot de faire la commande sur Internet (ça m'a toujours interloqué, de pouvoir commander Internet sur Internet...). Grand bien m'en fasse (j'ai un doute sur l'existence de cette expression...), en 5 minutes c'était bouclé ! Yihaaa ! Dans la journée je reçois un sms avec le nouveau numéro de fixe, tout va très vite ! Deux jours plus tard, en rentrant à la maison, un petit papier m'avertit du passage du facteur avec le colis. AAAAAAAAAAH à une demi heure près j'étais là pour récupérer le colis ! J'appelle vite fait le numéro, la dame au téléphone me dit "ouais, tu peux passer récupérer le paquet dans la Zone Franche, on ferme à 21h". La zone Franche. Illustration :

En bleu, ma nouvelle maison.
En rouge, mon travail.
Souligné en rose moche, la Zona Franca (même si google l'appelle la Zona Ranca).
...
Pas grave, je reprends la voiture, et hop hop je retraverse tout Barcelone pour me retrouver à côté de mon boulot. Je suis les indications de la dame au téléphone (tu prends la sortie bla bla de la Ronda direction MercaBarna). Après, y'a des panneaux. Mouais. Sauf que la Zona Franca, ça fait au moins 20 km2, et que des entrepôts, là bas, ça manque pas. Il est 15h, j'ai pas mangé, et il fait 30 degrés à l'ombre. La clio se faufile entre les bâtiments, les camions qui font 10 fois sa taille et les barrages de contrôles qui ressemblent à des péages et qui font peur. Je demande mon chemin 5 fois, tourne en rond pendant 40 min et finis par trouver, miracle, les bâtiments de la SEUR (entreprise d'envoi de paquets). Aaaaaaaaaaah le modem est au bout de cette rue balayée par les vents marins et les cris des mouettes ! Ou non ?
"Accueil visiteurs de 9h à 21h"
Et en dessous :
"Bureaux fermés de 14hà 16h"
Il est 15h30. Forcément. ENNERVÉE ! ENERVÉE !!!!! Je tape à la porte avec toute ma conviction (pas mangé, chaud, ma conviction s'est transformée en coups tous mous du poing qui faisaient à pein "pof"). Un monsieur vient m'ouvrir, et à voir ma tête désespérée, il doit avoir pitié de moi car il me laisse rentrer. Il jette un oeil sur son ordi pour savoir où est mon Modem, et me dit, laconique (ta mère) :
"Non, mais ce paquet est apporté par livreur".
"Sans blague", lui réponds-je? Et il est où mon paquet, hein ? OÙ ? OOOOOOOOOOOÙÙÙÙ ???
Avec beaucoup d'insistement (action d'insister), j'arrive à lui faire promettre que le modem arrivera chez moi dans l'après midi. Mouahahaha je sens en moi un sentiment de puissance (caractérisé par un petit "Yihaaa" qui brûle mes dernières reserves d'énergie) !
Après moult péripéties, le modem est finalement arrivé à la maison, Internet connecté, retour à la civilisation et à la Manue's letter !

Commentaires

Dominique a dit…
OUOUOUFFFFFFF.......Quelle aventure!!!Mais c'est trop rigolot comme tu l'expliques,et pourtant qu'est ce que t'as du en ch...!!!!!!Petitwelle.......
ThomasG a dit…
I will try to buy a SIM card for Internet access this coming Friday in exactly that Top Digital store. Thanks to your story I am at least prepared to fail miserably... (Sorry for not writing in French)
Unknown a dit…
Je bossais exactement au meme endroit en 2005...une vraie misere!